(Agence Ecofin) – A l’occasion du forum « Invest in Côte d’Ivoire » qui s’est déroulé ce 5 octobre à Abidjan, Paul-Harry Aithnard, DG d’Ecobank Côte d’Ivoire, a bien voulu aborder avec l’Agence Ecofin, la stratégie de son groupe dans le domaine du numérique.
Agence Ecofin : Avec un budget de 3,15 milliards de dollars alloué par le gouvernement ivoirien pour la Stratégie Nationale du Numérique (SNCI 2025), le secteur privé a un rôle important à jouer. Quelle place Ecobank Côte d’Ivoire prend-elle ou envisage-t-elle dans cette dynamique nationale ?
Paul Harry Aithnard : Ecobank Côte d’Ivoire, établissement leader du secteur bancaire ivoirien, est un acteur engagé dans le secteur du numérique. Fort de cet engagement, notre banque entend accompagner le gouvernement ivoirien dans le déploiement de sa Stratégie Nationale du Numérique. La Côte d’Ivoire constitue la locomotive économique de la région avec une croissance dynamique remarquable (+7.2% prévus en 2023), elle a donc toute la légitimité à devenir LE hub digital de l’Afrique de l’Ouest. Avec sa stratégie, le gouvernement veut faire du secteur du numérique un accélérateur de la transformation structurelle de son économie, Ecobank est tout entier mobiliser à soutenir cette transformation. Pour rappel, l’État ivoirien s’est fixé un chiffre d’affaires lié aux activités numériques pour l’année 2025 de l’ordre de 5,5 milliards de dollars.
Conscient du dynamisme que représente le secteur du numérique, l’adaptation au numérique, tant au niveau humain avec des ressources qualifiées que technologiques, est d’une importance stratégique pour Ecobank. Nous nous devons de proposer des solutions numériques innovantes répondant aux besoins et aux attentes du marché et de nos clients.
Notre objectif est de continuer à collaborer étroitement avec le gouvernement, les entreprises locales, les PME, les Fintechs innovantes afin de faciliter l’accès aux services financiers numériques, de fournir des solutions de financement aux entreprises évoluant dans le numérique pour consolider un écosystème à même de profiter pleinement des opportunités et de contribuer au développement des champions de demain.
Chez Ecobank Côte d’Ivoire, nous avons fait d’énormes progrès dans ce sens. Ainsi, notre banque est digitalisée, à 80%, non seulement au niveau de ses infrastructures, mais aussi au niveau de sa relation client et de ses partenaires.
AE : Selon vous, où faut-il investir pour saisir ces opportunités ?
PHA : Pour saisir les opportunités de croissance dans le secteur du numérique ivoirien, il est impératif d’investir de manière stratégique et prioritaire dans 3 domaines : les infrastructures, la formation et le financement.
En effet, si l’usage d’Internet ne cesse de développer dans notre pays, il n’en demeure pas moins que la couverture n’est pas optimale sur l’ensemble du territoire. De même, la data reste chère et donc pas nécessairement abordable pour tous. Ainsi, La Côte d’Ivoire comptait 12,94 millions d’internautes en janvier 2023, soit un taux de pénétration d’Internet à 45,4 % de la population totale. Un chiffre en progression de 2,5% entre 2022 et 2023. Ces chiffres, positifs, révèlent tout de même que 15,57 millions de personnes n’utilisent pas Internet, ce qui signifie que plus de 54 % des Ivoiriens restent hors ligne. Pour accompagner l’essor du secteur du numérique, il est donc indispensable d’en faciliter l’accès.
Dans l’AfricaTech et plus globalement dans le numérique africain, on estime que d’ici 2030, 230 millions d’emplois, nécessitant des compétences numériques, seront disponibles en Afrique. La question de la formation et de la montée en compétence des talents locaux, notamment des plus jeunes mais pas seulement, est essentielle. Pour cela la coopération entre les institutions publiques et les organisations privées est cruciale afin de mettre en place les plans de formation adéquates pour que le continent dispose du vivier nécessaire de talents numériques. Ainsi, la formation des jeunes talents pour faciliter leur employabilité est un enjeu vital pour le Côte d’Ivoire. Il s’agit d’un levier essentiel pour le développement de l’économie numérique du pays.
De plus, si la croissance démographique est synonyme d’opportunités, elle est aussi un défi. Le besoin en professeurs qualifiés est un enjeu majeur pour assurer à la jeunesse une éducation à même de les préparer et leur permettre de saisir les opportunités.
Enfin, pour favoriser l’innovation et l’entrepreneuriat, il est essentiel de mettre à disposition des sources de financement pertinentes répondant aux besoins des startups et des entreprises technologiques. Ecobank Côte d’Ivoire s’engage déjà dans cette voie en proposant des produits financiers spécialement conçus pour les startups. Ecobank a, depuis six ans, lancé le « Le Ecobank Fintech Challenge », devenu le premier concours de fintech en Afrique. Le Fintech Challenge, entre dans la droite ligne des objectifs stratégiques du Groupe Ecobank, qui offre de réelles perspectives aux fintechs en leur permettant d’établir des partenariats opérationnels afin de déployer leurs solutions innovantes sur le continent.
AE : L’IA a le potentiel de révolutionner la prestation de services financiers en termes d’efficacité et de personnalisation. Comment Ecobank prévoit-elle d’utiliser l’intelligence artificielle pour améliorer ses services financiers ?
PHA : L’intelligence artificielle (IA) occupe une place centrale dans la stratégie d’Ecobank Côte d’Ivoire visant à améliorer ses services financiers mais également son service et son expérience client. Nous envisageons de tirer parti de l’IA pour développer des chatbots et des assistants virtuels qui seront en mesure de répondre rapidement et efficacement aux besoins des clients. L’IA pourra être utilisée pour analyser en profondeur les données financières, permettant ainsi à nos clients de prendre des décisions éclairées en matière d’investissement. La sécurité constitue également une préoccupation majeure, et nous explorons activement l’utilisation de l’IA pour détecter et prévenir les activités frauduleuses et suspectes, garantissant ainsi des transactions plus sûres et sécurisées.
AE : De même pour la Blockchain, comment Ecobank se situe par rapport à cette nouvelle technologie ?
PHA : Ecobank Côte d’Ivoire est pleinement consciente du potentiel transformateur de la blockchain dans le secteur des services financiers, en particulier en ce qui concerne la réduction des coûts et l’amélioration de la transparence des transactions. Notre banque s’engage activement dans l’exploration des applications de la blockchain, notamment dans les domaines des paiements transfrontaliers et de la gestion des chaînes d’approvisionnement. Cependant, nous adoptons une approche prudente en collaborant étroitement avec les régulateurs et les partenaires de l’industrie pour garantir une adoption responsable et sécurisée de cette technologie novatrice.
AE : La digitalisation transforme radicalement la manière dont les clients interagissent avec les services financiers. Quel impact la stratégie numérique d’Ecobank a-t-elle eu sur l’expérience client, quels sont les défis et comment envisagez-vous son évolution future ?
PHA : La digitalisation a considérablement remodelé l’expérience client chez Ecobank Côte d’Ivoire. Nous avons élargi notre gamme de services bancaires accessibles via des canaux numériques tels que les applications mobiles et les plateformes en ligne. Cela a non seulement amélioré la commodité et la rapidité de l’accès aux services financiers, mais a également renforcé notre capacité à personnaliser nos offres pour répondre aux besoins uniques de chaque client.
Ecobank Côte d’Ivoire a inauguré, deux nouvelles agences depuis le mois de juillet dernier, un nouveau modèle d’agence bancaire. Conçues pour offrir une expérience unique, ces nouvelles agences déployées par Ecobank Côte d’Ivoire repensent le parcours et la relation client, en alliant innovation, autonomie, collaboration et modernité. Un nouveau modèle d’agence afin de délivrer une expérience client optimale avec pour ambition de permettre à chaque client, qu’il s’agisse d’un particulier ou d’un professionnel, de « gagner du temps pour l’essentiel ».
Nous sommes cependant conscients que la digitalisation engendre des défis, notamment en matière de sécurité et de protection des données des clients. Pour l’avenir, nous restons engagés à innover continuellement en développant des solutions numériques de pointe afin d’offrir une expérience client encore plus fluide et sécurisée.
Chez Ecobank Côte d’Ivoire nous avons fait d’énormes progrès sur la digitalisation. Ainsi, notre banque est digitalisée, à 80%, tant au niveau de ses infrastructures, mais aussi au niveau de sa relation client et de ses partenaires.
AE : La digitalisation augmente l’exposition aux risques. Comment Ecobank gère-t-elle les défis croissants de la cybersécurité tout en évoluant vers une plateforme numérique ?
PHA : En effet, la conséquence du dynamisme du numérique est la hausse quasi proportionnelle de l’augmentation de la cybercriminalité. Ce contexte est particulièrement sensible pour nous les banques mais aussi pour les fintechs. On estime que 85% des banques du continent auraient déjà été victime d’une cyberattaque alors qu’elles ne sont que 20 % à se déclarer sérieusement préoccupé par leur cybersécurité.
En Afrique, la cybercriminalité a couté 3,5 milliards de dollars, l’équivalent du budget alloué pour la SNCI 2025. Et c’est une estimation basse, car une majorité des attaques ne sont pas détectées par les banques. Cette cybercriminalité est préoccupante car, au-delà de l’enjeu réputationnel pour les institutions bancaires, elle pourrait ralentir l’évolution de la bancarisation et l’inclusion financière, en effrayant les citoyens.
Chez Ecobank, nous avons mis en place une stratégie de tokenisation. Il s’agit d’une fonctionnalité de sécurité avancée qui est souvent utilisée dans les applications de paiement mobile. Cette technique consiste à remplacer les données sensibles de la carte de paiement, telles que le numéro de carte, par un jeton unique et aléatoire. Cela réduit le risque de fraude en cas de violation de la sécurité de l’application de paiement mobile.
En intégrant ces fonctionnalités de sécurité avancée, nous pouvons offrir une expérience de paiement mobile plus sûre et plus sécurisée à nos clients, tout en renforçant la confiance dans leurs services bancaires mobiles.
AE : Le financement insuffisant des PME en Afrique reste un obstacle majeur à la croissance économique durable. Le numérique, avec ses technologies associées, est souvent cité comme une solution potentielle pour combler ce déficit de financement. Croyez-vous que le numérique et les technologies associées peuvent entraîner un progrès significatif en matière de financement des PME en Afrique ? Comment ?
PHA : Le numérique et les technologies associées ont le potentiel de jouer un rôle significatif dans le financement des PME en Afrique et de contribuer à la croissance économique durable de la région. Les applications mobiles de prêt, et les solutions de paiement en ligne facilitent l’accès des PME aux sources de financement.
Les technologies numériques peuvent également contribuer à réduire les coûts liés aux transactions financières. Les paiements en ligne, par exemple, éliminent la nécessité de transactions en espèces coûteuses, ce qui peut stimuler l’inclusion financière et encourager les investissements dans les PME.
Par un système de collecte de données, les technologies numériques peuvent permettre l’analyse de données plus approfondies sur les PME, ce qui facilite l’évaluation du risque de crédit. Les institutions financières peuvent utiliser ces données pour prendre des décisions relatives à l’octroi de prêts aux PME.
Les plateformes en ligne peuvent fournir une formation et une éducation financières aux entrepreneurs, les aidant ainsi à mieux comprendre les besoins en financement de leur entreprise, à élaborer des plans d’affaires solides et à accéder aux ressources nécessaires pour développer leurs activités.
Les PME peuvent également bénéficier de la croissance des marchés numériques et du commerce électronique en Afrique. En utilisant des plates-formes de commerce électronique, elles peuvent élargir leur clientèle au-delà des frontières locales et augmenter leurs revenus.
Cependant, il est important de noter que le succès de ces initiatives dépend de plusieurs facteurs, notamment l’accessibilité à Internet, l’éducation numérique, la réglementation appropriée. Les gouvernements, les entreprises doivent collaborer pour créer un environnement favorable à l’adoption et à l’expansion des technologies numériques dans le secteur financier, tout en veillant aux intérêts des différentes parties prenantes.
AE : Comment Ecobank Côte d’Ivoire aborde-t-elle le défi de financer des initiatives innovantes ou disruptives qui, généralement, n’ont pas de business model établi, alors que vous, à votre niveau, devez naviguer entre équilibres prudentiels ? Quels pourraient être les mécanismes financiers et stratégiques employés par les banques comme Ecobank pour soutenir l’innovation dans un secteur en constante évolution ?
PHA : Le financement du capital-risque est souvent considéré comme une ressource à long terme, tandis que les initiatives innovantes et disruptives, en particulier dans le secteur numérique, nécessitent un financement plus souple et adaptatif. Pour aborder ce défi et soutenir l’innovation, des banques comme Ecobank Côte d’Ivoire peuvent mettre en place plusieurs mécanismes financiers et stratégiques.
Comme nous le faisons dans le cadre de notre fintech challenge, nous pouvons collaborer avec des incubateurs et des accélérateurs afin de nous permettre d’identifier et de soutenir les start-ups prometteuses. Ces partenariats pourraient inclure un financement conjoint, un mentorat et l’accès à un réseau de ressources pour les jeunes entreprises.
La banque pourrait par ailleurs offrir des prêts à taux préférentiels aux entreprises innovantes, comme elle le fait actuellement dans le cadre du programme ELLEVER en tenant compte de leurs besoins spécifiques. Cette approche permettrait de répondre aux besoins de liquidités à court terme de ces entreprises.
En plus du financement, Ecobank pourrait offrir un soutien sous forme de mentorat, d’expertise sectorielle et de conseil aux entreprises innovantes. Cela peut contribuer à renforcer leurs modèles commerciaux et à les préparer à une croissance durable.
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by : Agence Ecofin
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