11 septembre 2001 : Un nouveau désordre mondial

Mardi 11 septembre 2001. Les États-Unis sont frappés en plein coeur par une série d’attaques terroristes. Quatre avions de ligne détournés s’écrasent, à quelques heures d’intervalle : deux sur les tours jumelles du World Trade Center, qui s’effondrent peu après, un sur le Pentagone, à Washington, et le dernier en Pennsylvanie. Ces attaques changeront à jamais la carte géopolitique mondiale

Cette série d’attentats fait plus de 3 000 victimes, et sera considérée par le président des États-Unis d’alors, George W. Bush, comme un acte de guerre. Début octobre, une action militaire, mandatée par l’Onu, est engagée en Afghanistan. L’attentat du 11-septembre n’est pas le premier du genre perpétré aux États-Unis, mais l’horreur des destructions et la détermination des terroristes ouvrent une ère de plus grande incertitude. Plus de dix ans après, les troupes américaines sont toujours en Afghanistan, mais le cerveau des attentats, Osama Ben Laden, a été tué par les forces spéciales.

Six mois après le 11-septembre, les effets économiques directs s’estompent largement. La première phase des opérations militaires en Afghanistan est menée à bien en quelques semaines. La confiance se raffermit rapidement, de même que les cours des actions. La consommation et l’activité se remettent bien plus vite et dans de meilleures proportions après l’attaque qu’on ne le pensait, en particulier grâce à une réaction vigoureuse des responsables économiques et du secteur privé. Même si l’impact macroéconomique de court terme s’est largement dissipé, les attentats et la réaction qu’ils ont suscitée pourraient toutefois avoir des conséquences durables. En outre, le risque de nouvelles attaques terroristes demeure très élevé, comme en témoignent plusieurs tentatives ultérieures.

Point de rupture

Inconsciemment ou pas, les populations, en Occident comme dans le reste du monde, considèrent le 11-septembre comme un point de rupture. Malgré la bonne tenue de la demande globale, plusieurs secteurs ont été durement touchés dans le sillage de ces attentats. Les compagnies aériennes, dont bon nombre étaient déjà dans une situation financière précaire avant les attentats, ont vu leur demande décroître, aussi bien aux États-Unis que dans un grand nombre d’autres pays. Les constructeurs d’avions ont presque immédiatement enregistré une diminution des commandes.

Le secteur des assurances s’est trouvé confronté à une catastrophe d’une gravité sans précédent. La demande a fortement baissé dans l’hôtellerie-restauration, les agences de voyages et les autres entreprises du secteur touristique, aussi bien aux États-Unis que dans un grand nombre d’autres pays, en particulier dans les Caraïbes et au Moyen-Orient.

Mais, au-delà de tout, l’intervention des États-Unis en Afghanistan et en Irak marque un changement d’image. Au lendemain des attentats, Le Monde titrait : « Nous sommes tous des Américains ». Quelque temps plus tard des scandales évoquant des exactions commises par les Américains s’enchaînent, la plus connue étant celui qui concerne la base militaire américaine de Guantanamo, à Cuba, où des prisonniers suspectés d’appartenir à Al-Qaïda et de participer activement au ‘jihad’ international sont détenus. Le problème est que les prisonniers n’ont aucun statut légal, ni moyen sérieux de se défendre. De plus, la torture y est pratiquée et même légitimée, sinon encouragée par les responsables américains. Ces infractions aux droits de l’homme ont été et sont toujours très mal perçues par la communauté internationale et furent l’une des raisons de la défaite du président Bush aux élections de 2004.

Le contexte géopolitique s’en trouvera aussi largement modifié. The US African Growth and Opportunity Act (AGOA), notamment, est directement lié à la question de la base américaine sur Diego Garcia. Apres les événements du 11-septembre, l’Afrique a pris une importance stratégique clé aux yeux des dirigeants des États-Unis qui ne voulaient plus être dépendants de pays comme l’Arabie saoudite, un allié dont le soutien aux États-Unis dans sa guerre contre le terrorisme n’était pas garanti.

En vue d’intensifier leur stratégie visant à augmenter leur approvisionnement en pétrole d’Afrique alors qu’ils se préparaient à envahir l’Irak, les multinationales américaines du pétrole réclament à grands cris que les États-Unis augmentent leur pression sur les états africains pour que ceux-ci leur donnent la propriété de la terre légalement protégée. Elles veulent aussi la sécurité de l’armée américaine pour leurs opérations en Afrique. L’île Maurice a immédiatement obéi aux ordres des États-Unis et une série d’évènements politiques directement liés mais pas forcément bien compris ont suivi, en l’occurrence le vote de la loi anti-terrorisme de 2002, la privatisation, la libéralisation, la fermeture de multiples usines et la délocalisation de l’activité manufacturière sont autant d’événements liés d’une manière ou d’une autre à l’AGOA. Les pays africains sont alors invités à suivre l’exemple des États-Unis dans la lutte contre le terrorisme, notamment d’accorder les droits de survol et de création de bases américaines. L’AGOA a donc été un instrument des États-Unis pour garder intacte leur base sur Diego Garcia.

Le prix à payer

En douze ans, la guerre contre le terrorisme lancé en 2003 par les États-Unis sous la présidence de Bush Jr. a causé la mort de prés de 1,3 million de personnes dans les pays du Proche-Orient, principalement en Irak, en Palestine et en Afghanistan, sans tenir compte des autre pays en conflit comme le Yémen ou la Somalie. Depuis 2003, les États-Unis ont « investi » 819,8 milliards de dollars dans la guerre en Irak et 714,8 milliards dans la guerre en Afghanistan depuis 2001, ce qui le place largement au sommet du classement mondial de l’armement et de la défense.

La demande a néanmoins augmenté pour certains secteurs ou certaines entreprises, surtout dans le domaine de la sécurité et de la technologie de l’information. Les perturbations dues aux attentats ont remis en question l’approche logistique de plus en plus utilisée par les entreprises de divers pays pour la gestion de leurs transports. Après les attentats, les autorités américaines ont renforcé les règles de sécurité. Les contrôles approfondis se sont multipliés pour les camions, le transport des marchandises par avion a été limité et le transport de produits dangereux est plus sévèrement réglementé partout dans le monde. Les primes d’assurance ont aussi augmenté et des surtaxes de sécurité ont été introduites.

Toutes ces mesures de sécurité alourdissent les coûts et peuvent rendre moins prévisible la durée du transport. Même si ces effets sont faibles à l’heure actuelle, ils peuvent être suffisants pour inciter les entreprises à reconsidérer la gestion.

Capital Media

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