Un scandale qui chasse un autre

Bientôt une décennie depuis que le début du combat opposant les mouvements écologistes au promoteur du projet « waste to energy » de Gamma-Covanta. Alors qu’on est dans l’attente d’un verdict du tribunal de l’environnement, le gouvernement entame un exercice d’appel à projets, pour la mise en place d’une station thermique à base des déchets ménagers.

Le Central Electricity Board (CEB) a lancé un « Request For Proposal » pour la mise en place d’une station capable de produire de l’électricité en utilisant les déchets ménagers. Une douzaine d’entreprises ont été invitées à soumettre leurs propositions et le CEB leur a laissé le choix des technologies. Autre spécification du  CEB, c’est l’exigence de produire entre 7 MW– 15MW d’électricité, avec les 1200 tonnes de déchets qui seront acheminés quotidiennement.

Voilà qui suscite bien des interrogations. D’abord la légitimité de cet exercice vu que le tribunal n’a pas statué sur le cas de Gamma-Covanta. Ensuite, la démarche du CEB, vu que l’énergie n’est que le sous-produit et une telle initiative outrepasse ses prérogatives. Ce projet risque fort bien d’accentuer une guerre de déchets, vu que le Centre de Compostage de Patrick Maurel à La Chaumière compte revoir à la hausse sa demande pour les déchets. Sans compter sur les possibilités que le projet Gamma -Covanta se voit adjuger les faveurs du tribunal. Les promoteurs de ce projet ont déjà un contrat les liant avec le ministère des Collectivités locales pour la fourniture de 300 000 tonnes de déchets.

Outrage au tribunal

Pour les écolos, c’est le délire. Ils n’arrivent plus à comprendre les intentions du gouvernement par rapport à sa politique environnementale et énergétique. Certains avancent que l’action gouvernementale constitue un outrage au tribunal. Ils déplorent l’irresponsabilité de la CEB en accordant la liberté aux promoteurs de choisir la technologie. Selon eux, il incombe au gouvernement de savoir en amont ce qui est approprié au pays. Autre aspect selon les militants écolos, qui démontre l’amateurisme du CEB, c’est le fait de procéder à l’aveuglette, sans même savoir où va se situer cette centrale et de confirmer si le promoteur bénéficiera d’un permis EIA. « À moins que c’est décidé d’avance ? Ça pue le scandale » nous lancent un des porte-paroles de cette ONG du sud.

Un Cadre de l’une des sociétés invitées à participer à cet exercice, nous confie ne pas comprendre cette démarche. Sa société qui opère dans l’ingénierie lourde à Maurice et en Afrique, ne compte pas répondre à cet appel. Car, pour lui, « en parcourant les spécifications, ça saute aux yeux que c’est taillé sur mesure. Dans le privé on sait pertinemment bien pour qui ».

Selon les recoupements de Capital, un des favoris, pour décrocher ce projet ne semble être nul autre que SOTRAVIC Ltee. Cette société rabrouée par le nouveau régime en 2015, a miraculeusement colmatée les brèches avec le pouvoir. Voilà, une histoire qui va sans doute alimenter la une des journaux.

Capital Media

Read Previous

Un ‘‘Ponzi’’ chez MT

Read Next

Premier budget post-indépendance : Un pays qui se prend en charge