La fraternité des villes sœurs

Lors de son intervention sur le Budget 2017-2018, le député de la circonscription No 19 (Stanley/Rose Hill) et Deputy Prime Minister, Ivan Leslie Collendavelloo, n’avait pas tari d’éloges sur les réalisations de ses poulains bien ancrés dans la mairie de Beau-Bassin/Rose-Hill.

La confiance indéniable du leader du ML dans son poulain Fong Suk Koon Ken Fat a valu que ce dernier soit reconduit comme maire des villes sœurs. Une décision guère appréciée par plusieurs conseillers de la majorité qui ne cessent de boycotter les séances de diverses commissions. Rien d’inhabituel, car depuis une vingtaine d’années, nos collectivités locales sont devenues de véritables bourrasques de commérages, comme en témoigne notre dernière balade en ville.

Le jeudi 17 août 2017, le conseil municipal de Beau-Bassin/Rose-Hill prend connaissance et avalise le rapport du comité des infrastructures publiques. Sous l’item 2.8, ‘tatus of Capital projects as at 16 August 2017’, on note le réaménagement de plusieurs terrains de foot de la ville. Parmi les travaux figure la pose de la clôture au coût de plusieurs millions. En parcourant la liste des travaux et leurs avancées, nous constatons que le projet ‘enclosure fencing of football ground at Crétin avenue, Camp Levieux, Rose Hill’, au coût de MUR 2 092 397,20, est mentionné comme achevé à 60 %.

Vendredi 18 août 2017, une équipe de Capital a effectué une visite afin de constater de visu le progrès accompli sur les différents chantiers. La photo que nous publions atteste de l’état du chantier à la rue Crétin. En effet, étant très généreux, on pourrait dire que seuls 25 % des travaux ont été réalisés. Mais comment alors les officiers de la mairie ont-ils pu affirmer que 60 % des travaux avaient été complétés, selon un relevé fait le 16 août 2017 ? Ont-ils induit le conseil en erreur ? Si oui, dans quel but ? Ou ces officiers ne font-ils qu’exécuter des ordres venus d’en haut ?

En creusant dans cette affaire, on découvre que le bénéficiaire du contrat est un activiste du ML et c’est aussi lui qui a décroché d’autres contrats auprès de la mairie, entre autres le remplacement de la clôture du terrain de foot à Trèfles au coût de MUR 1 380 000. Selon certains témoignages, l’entrepreneur a non seulement été favorisé dans l’allocation des contrats, mais la mairie s’est assurée que les fonds nécessaires pour le démarrage des travaux soient avancés au contracteur. Ce qui est contraire aux procédures habituelles et légales. Aucun dépôt garantissant la qualité des travaux n’a été réclamé au contracteur. Il s’avère aussi qu’au mois de juillet, face aux refus répétés du nouveau Chief Executive à avaliser les décaissements, le maire a dû convoquer une réunion spéciale du conseil avec un seul item à l’agenda, le paiement de centaines de milliers de roupies à l’entrepreneur, sans aucune attestation que le travail avait été réalisé selon le cahier des charges. Bizarrement, alors que les conseillers du MSM avaient boycotté la réunion, ce sont les membres du PMSD qui se sont précipités au secours du maire.

Autre projet dans lequel on retrouve une épaisse couche de graisse, c’est celui du morcellement Ah Fooye, à Trèfles. Un projet privé qui, selon des sources fiables, aurait bénéficié des largesses de la mairie. Plus précisément d’un conseiller du ML qui, de surcroît, est un proche du promoteur, un ancien ministre et diplomate. Les dénonciations qui ont suscité l’intérêt de la commission anti-corruption portent sur l’utilisation de ressources humaines et matérielles de la marie au cours de ces deux dernières années au bénéfice du promoteur privé. Parmi la liste de projets approuvés le 17 août 2017, on observe que la mairie qui, il faut le souligner, est au bord de la faillite, a approuvé un montant de MUR 1 778 933 pour l’asphaltage des rues au morcellement Ah Fooye. Un chiffre nettement supérieur au budget alloué à l’ensemble des autres projets similaires initiés dans la circonscription No 19.

Dans le cadre de notre enquête, nous avons sollicité un entretien avec le Chief Executive Officer de la ville, qui est resté injoignable. Quant aux citadins que nous avons rencontrés, ils éprouvent une certaine nostalgie et évoquent les souvenirs lointains de cette administration de la mairie de BBRH qui fut autrefois une référence au niveau régional avec ses nombreuses initiatives dont ils étaient fiers, mais qui désormais, avec la dernière cuvée de conseillers, ressemble au Far West sous le règne de cowboys.

Capital Media

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