
(HUAWEI ) – Une tribune d’Emmanuel DUPUY, Président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE). Chercheur invité au sein du Maritime Silk Road Institute de Ningbo .
La décision du tribunal canadien du 30 juin dernier, aboutissant au maintien en détention de Meng Wanzhou, est venu « doucher » les réels espoirs d’une libération et de facto réintroduire la menace d’une accélération du processus d’extradition vers les Etats-Unis, de la directrice financière de la société chinoise des télécommunications, Huawei technologies.
Retour sur une affaire qui ne laisse plus guère de doute quant à une excessive politisation de ce dossier judiciaire. Tout dans cette affaire nous ramène, en effet, au contexte géopolitique et géoéconomique du moment. Dans ce dossier, notamment toutes les pièces à charge, fussent-elle biaisées – comme sont venus le rappeler les preuves apportées par la banque HSBC – nous ramène vers Washington. Plus précisément, au principe de l’extraterritorialité du droit, qui veut que ce soit une procédure américaine qui vienne régenter le procès – pourtant sur le sol canadien – mettant en accusation Meng Wanzhou !
En instrumentalisant ce procès, depuis maintenant deux ans, les Etats-Unis entendent ainsi mener la vie dure à une Chine, dont la montée en puissance économique et le dessein de la seconde puissance économique visant à la « parité stratégique » avec la première économie mondiale, agace au plus haut point. Le président, Donal Trump avait instruit – à charge – le procès contre la responsable chinoise, sur fond d’accusation d’activités financières illégales avec l’Iran, au regard du droit d’outre-Atlantique et de la reprise des sanctions économiques, financières et monétaires avec l’Iran, en 2018. Son successeur, Joe Biden, malgré une volonté sincère de revenir à la table des négociations avec Téhéran, comme en témoigne les pourparlers initiés à Vienne, depuis le début de l’année, n’en demeure pas moins arc-bouté sur une stratégie de « containment » tous azimuts vis-à-vis de Pékin.
Ces deux derniers semblent ainsi être partis en croisade, depuis la Maison Blanche, contre les intérêts chinois à travers le monde, à fortiori, quand ceux-ci se déploient sous leur nez. Dès lors et depuis, les événements se sont accélérés à Vancouver.
Revenons, néanmoins, au commencement de cette rocambolesque affaire…
Nous sommes, le 1er décembre 2018. Meng Wanzhou, directrice financière, vice-présidente du Conseil d’administration de la société Huawei – et, singulièrement, fille du fondateur de Huawei, Ren Zhengfei – est arrêté à Vancouver, au Canada, à la demande « insistante » de la justice américaine.
Le contexte de cette arrestation très médiatisée a aussi son importance dans la « scénographie » voulue et imposée par les Etats-Unis. Il manquait dans cet écheveau politico-judiciaire, les deux cartes qui se voulaient maîtresses pour Washington : ce sera l’Iran pour l’accusation et la Grande-Bretagne, comme allié de circonstance ou plutôt d’habitude. Le Brexit n’aura in fine confirmé que la Grande-Bretagne a toujours préféré le « grand large » trans-Atlantique à l’espace continental européen et que Londres demeure un bien utile paravent à l’agenda américain, fusse-t-il orienté et instrumentalisé.
Car, après tout, que reproche-t-on réellement à l’héritière du géant chinois des télécommunication ?
Sur la base de la focalisation de l’administration fiscale contre Téhéran, les Etats-Unis ont repris, en mai 2018, leurs sanctions contre l’Iran, à l’aune de la sortie des USA du Plan d’action global commun (PAGC) pourtant signé, le 14 juillet 2015, à Vienne, par les cinq membres du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine) auxquels s’ajoutent l’Allemagne et l’UE avec l’Iran, et ce, pour limiter le programme militaire nucléaire de ce dernier.
Au vu des nombreux documents fournis par la banque HSBC, il apparait désormais plus nettement que les activités financières envisagées, en Iran, entre Huawei et les sociétés Skycom et Canicula, étaient, non seulement connues des instances de la banque basée entre Hong-Kong et Londres, mais que celles-ci étaient « couvertes » et assumées per ces mêmes instances banquières !
Selon les documents fournis par les instances accusatrices américaines, précisément le « Record of the case » (ROC), Meng Wanzhou se serait rendue coupable de fraude, au regard des sanctions engagées par Washington vis-à-vis de Téhéran. L’on est, néanmoins, en droit de se montrer circonspect sur ce volet de l’accusation. Les faits « incriminant » l’héritière du fondateur du géant chinois des télécommunications et technologies de l’information remontent, en effet, à août 2013, soit cinq ans avant l’arrestation de cette dernière, à Vancouver, en décembre 2018.
Huit ans plus tard, l’actuel locataire de la Maison Blanche, devrait peut-être se rappeler qu’il était vice-président d’une Administration qui se targuait de pratiquer la Realpolitik, tant vis-à-vis de Téhéran que de Pékin. A moins, que le nouveau président américain ne cherche, en réalité, à poursuivre l’instrumentalisation de ce procès engagé par son prédécesseur, comme moyen de pression à l’encontre de Pékin ?
Ce dossier ne fut-il pas, du reste, à l’ordre du jour de la houleuse première rencontre diplomatique entre le Secrétaire d’état américain, Anthony Blinken, le Conseiller à la sécurité nationale de la Maison blanche, Jake Sullivan et leurs homologues chinois, le ministre des Affaires étrangères chinois, Wang Yi et, Yang Jiechi, le responsable du Bureau des Affaires étrangères du Parti communiste chinois, le 18 mars dernier, à Anchorage, en Alaska ?
Simple litige économique empêtré dans un imbroglio judiciaire ou litige diplomatique instrumentalisant un appareil judiciaire canadien, voué à respecter un principe de l’extraterritorialité qui obère bien plus que le fonctionnement de la justice d’un état souverain, pourtant voisin direct des Etats-Unis ?
Telles sont, au fond, les questions fondamentales que posent cette affaire, au regard du droit d’une justiciable, comme une autre, fusse-t-elle au cœur d’une nouvelle confrontation géopolitique, qui a comme nouveau théâtre de conflictualité : cables sous-marins numériques et datas centers ; et comme armes d’aujourd’hui et de demain : le big data et la 5G ?
La crise de la COVID-19 aura, été particulièrement révélatrice de l’uberisation de notre société et la digitalisation de nos économies.
Ne nous y trompons pas, en effet !
Face à l’urgent besoin de connectivité numérique que réclame le développement du continent africain, et celui qui sous-tend, en Europe, notre « autonomie stratégique » et ardente nécessité d’indépendance digitale, nous devons travailler avec tous les acteurs du secteur. Ce n’est pas en ostracisant l’un – par le truchement d’une décision de justice qui interroge – que nous y parviendrons.
Cette affaire judiciaire, ultra-médiatisée, est ainsi parfaitement révélatrice de la manière dont la Communauté internationale semble oublier que c’est sur les continents européen et africain que les conséquences de cette focalisation délibérée contre Huawei seront les plus préjudiciables.
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