(Agence Ecofin) – Au Cameroun, les acteurs du secteur évoquent souvent des trésoreries sous tension pour expliquer certains des défis auxquels ils font face. Une situation d’opportunité pour les banques, en quête d’opportunités de placement et de niches sûres de rentabilité.

La filiale camerounaise du groupe bancaire panafricain BGFI Bank, basé à Libreville, est annoncée comme étant au cœur de la structuration de 83 milliards de FCFA de dettes, dans le secteur électrique au Cameroun, a-t-on appris de sources proches du processus, qui ont choisi de rester anonymes, le dossier étant encore en discussions. L’opération se fera au profit de la Kribi Power Development Corporation (KPDC) et la Dibamba Power Development Corporation (DPDC), deux fournisseurs d’énergie électrique à base des centrales thermiques à Eneo, le distributeur exclusif de l’électricité dans le pays.

Cette hypothèse a été confirmée par Eneo. « Nous avons signé des accords en fin 2020 avec KPDC/DPDC pour l’apurement de cette dette (de 83 milliards de FCFA, NDLR), dans un délai raisonnable de 48 mois. Par ailleurs, il semble effectivement que KPDC et DPDC travaillent actuellement de leur côté avec des banques pour arranger une opération de structuration. Ce sont ces deux sociétés qui ont mandaté une banque de la place », a fait savoir son directeur général, Éric Mansuy, répondant à des questions d’Investir au Cameroun.

Récemment, le directeur général de BGFI Cameroun, Mahamat Abakal, a avoué que sa banque considérait le secteur électrique comme une solide opportunité d’investissement. Ce n’est pas la première fois que l’institution financière s’y engage. En février 2021, elle était le premier contributeur, d’un emprunt de 100 milliards de FCFA arrangé par Citibank et Société Générale Cameroun au profit d’Eneo, avec une contribution de 23 milliards de FCFA. 

La structuration de cette dette devrait permettre d’apporter un peu d’oxygène dans le secteur camerounais de l’électricité. À l’instar d’Eneo, KPDC et DPDC ont souvent expliqué que des trous dans leurs trésoreries empêchaient de mener à bien leurs plans d’investissement. Pour BGFI Cameroun, ce type d’opération représente une occasion de diversifier ses sources de revenus, en misant dans un secteur qui bénéficie d’une grande attention de l’État et de gros investisseurs.

Plus globalement, le secteur de l’énergie, où on retrouve les produits pétroliers et l’électricité, est une cible de BGFI Cameroun, à côté de l’agrobusiness et l’industrie. Grâce notamment à son engagement dans ces secteurs, la banque a réalisé un bénéfice net de 6,3 milliards de FCFA en 2020, soit le double de celui de 2019.

Idriss Linge