« Nous veillons à ce que chaque investisseur reçoive le soutien nécessaire pour concrétiser son projet » (Solange Amichia, DG CEPICI)

(Agence Ecofin) – Dans cet entretien accordé à l’Agence Ecofin, Solange Amichia, Directrice Générale du CEPICI, souligne que 2024 représente une année charnière pour le pays, avec un focus particulier sur l’essor de l’investissement dans le secteur agricole. Elle met en avant l’engagement du CEPICI à stimuler la croissance économique à travers des incitations et un accompagnement personnalisé pour les investisseurs.

Agence Ecofin : Vous avez mentionné que le CEPICI a enregistré un volume d’investissements agréés atteignant le seuil inédit de 1 000 milliards de FCFA en 2023, marquant ainsi un record depuis 2021. Pourriez-vous nous éclairer sur les stratégies qui ont permis de réaliser un tel exploit ?
Solange Amichia : La stratégie que nous avons déployée repose sur deux piliers : le développement des opportunités locales pour les Investissements Directs Nationaux (IDN) et une approche de prospection ciblée des pays les plus grands pourvoyeurs d’investissements directs étrangers (IDE).

Pour développer les IDN, nous avons identifié les potentialités régionales pour les transformer en opportunités d’investissements, à travers notre programme d’appui aux régions.

Pour les IDE, nous nous sommes concentrés ensuite sur les secteurs clés, en adéquation avec les secteurs prioritaires du Plan National de Développement (PND 21-25).

L’attrait de la Côte d’Ivoire pour les investisseurs constitue notre principal avantage ; notre rôle est d’assurer la prise de décision d’investir et d’accompagner l’investisseur à chaque étape. Cela inclut la création de son entreprise au Guichet Unique de Formalité d’Entreprises, la facilitation pour l’acquisition de terrains industriels, l’obtention des autorisations nécessaires, et la délivrance des avantages du Code des Investissements pour stimuler l’investissement. Nous veillons à ce que chaque investisseur reçoive le soutien nécessaire pour concrétiser son projet.

Cette approche d’accompagnement personnalisé, couplée à une économie propice, garantit la rentabilité des investissements dès la première année, surtout dans les secteurs porteurs.

« Cette approche d’accompagnement personnalisé, couplée à une économie propice, garantit la rentabilité des investissements dès la première année, surtout dans les secteurs porteurs. » 

En 2023, nos efforts ont porté leurs fruits, se traduisant aussi par la capture de 89 nouveaux projets d’intentions d’investissements représentant plus de 3 000 milliards FCFA. En visant la concrétisation de ces intentions, nous sommes confiants d’atteindre nos objectifs d’investissements à mobiliser pour 2024.

Cependant certaines contraintes devront être levées, tel que la disponibilité de zones industrielles aménagées, une organisation interne polyglotte axée sur toutes les zones géographiques et une expertise sectorielle.

AE : Vous avez souligné que la Côte d’Ivoire est un terreau fertile pour les investissements, offrant une rentabilité notable. Quels sont les secteurs qui sont les plus prometteurs et les plus attractifs pour les investisseurs ?

SA : Il est vrai que le paysage des investissements en Côte d’Ivoire est diversifié. En tête de liste, le secteur industriel avec plus de 52% des investissements agréés en 2023, se distingue par sa dynamique de croissance exceptionnelle. L’industrie manufacturière bénéficie d’une attention particulière, conformément aux 7 clusters industriels prioritaires du PND 2021-2025. L’agro-industrie, notamment l’agro-alimentaire, a vu une accélération notable, soutenue par des initiatives dans les filières du cacao, du cajou, de l’hévéa et du palmier à huile. L’année 2024 verra aussi la création d’usines d’assemblage automobile ; motos et d’appareils.

Le secteur des services avec 46,90% des investissements agréés en 2023, focus sur le transport, le BTP, l’hôtellerie et la location de biens, s’est également illustré, stimulé en partie par l’accueil d’événements internationaux d’envergure, nécessitant des capacités d’accueil importantes.

L’agriculture, avec 0,90% des investissements agréés en 2023, souvent perçue comme peu dynamique en investissements privés, est en réalité sur le point de connaître une révolution, notamment avec l’émergence de grands projets de plantations et de projets agro-pastoraux d’envergure. L’année 2024 s’annonce comme un tournant majeur, avec une augmentation prévue de l’investissement dans l’agriculture, portée par des projets innovants et une demande croissante, tant sur le marché local qu’international, pour des produits tels que le piment, la farine d’igname, la farine de manioc et la banane plantain ; mais aussi l’agro pastoral avec des produits issus de l’élevage. Cette dynamique non seulement renforcera la sécurité alimentaire nationale mais contribuera également à l’accroissement des exportations, soutenant ainsi l’économie ivoirienne dans son ensemble.

« L’année 2024 s’annonce comme un tournant majeur, avec une augmentation prévue de l’investissement dans l’agriculture, portée par des projets innovants et une demande croissante. » 

Un accent particulier est mis sur l’agriculture durable, avec une préférence marquée pour les intrants biologiques, reflétant une prise de conscience de la nécessité d’une production respectueuse de l’environnement. Cette orientation vers l’agriculture biologique, associée à une augmentation de la production grâce à l’utilisation de semences performantes et à des systèmes d’irrigation améliorés, promet de rehausser tant la qualité que la quantité des productions locales.

Grâce à un cadre réglementaire favorable, incluant le code des investissements, mais aussi les codes sectoriels tel que les codes du tourisme, de l’immobilier, des mines et l’hydrocarbure, nous observons une expansion significative des investissements en Côte d’ivoire. Notre focus reste avant tout sur la mobilisation de l’investissement privé, à travers le code des investissements.

AE : Un aspect notable de votre bilan concerne l’explosion du nombre de créations d’entreprises, passant de 13 à 101 entreprises quotidiennement en une décennie, établissant ainsi un record. Face à ce phénomène, disposez-vous d’un dispositif de suivi permettant d’évaluer la pérennité de ces entreprises et de déterminer si elles continuent de prospérer ou si elles cessent leurs activités prématurément ?

SA : Effectivement, la question de la viabilité à long terme des entreprises nouvellement créées est centrale dans l’économie du pays. Premièrement, nous avons cherché à comprendre les motivations derrière la création d’entreprises à travers une étude, révélant diverses raisons telles que l’obtention d’un contrat unique ou la nécessité de formaliser une activité existante. Cette démarche a permis d’identifier que la majorité des entreprises créées appartiennent au secteur des services, souvent constituées de TPE et PME comme les maquis, salons de coiffure ou les ateliers de mécanique, cherchant à se conformer aux exigences légales pour opérer.

Concernant le suivi de ces entreprises, nous avons une visibilité plus claire sur celles qui s’engagent dans le cadre du code des investissements. Une équipe dédiée effectue un suivi régulier pour évaluer leur évolution, constatant que 95% d’entre elles non seulement survivent mais prospèrent, augmentant significativement leur investissement initial et le nombre d’emplois créés. Cela témoigne de l’efficacité du code des investissements comme levier de croissance.

Toutefois, pour les très petites entreprises, notre capacité de suivi est limitée. Dans cette optique, nous collaborons déjà avec Côte d’Ivoire PME, dans le cadre de la réforme visant à améliorer le suivi et l’accompagnement technique des TPE/PME, pour s’assurer de leur pérennité. 

AE : Il est surprenant de constater que le Burkina Faso figure parmi les principaux investisseurs en Côte d’Ivoire, contrairement à l’attente commune orientée vers les pays développés. Dans un contexte marqué par des défis politiques et économiques au sein de la sous-région, notamment avec l’annonce du retrait du Burkina Faso de la CEDEAO et potentiellement de l’UEMOA, envisagez-vous des répercussions sur les flux d’investissements en provenance de ce pays ? Comment cette situation pourrait-elle affecter plus largement les investissements captés par le CEPICI ?

SA :  Je tiens à rappeler que les investissements directs nationaux (IDN) représentent en moyenne 48% des investissements agréés au code des investissements depuis 2018, ce qui fait de la Côte d’Ivoire le premier investisseur dans le pays.

A l’exception de 2021, les pays de la sous-région tel que le Togo, le Mali et le Burkina Faso sont parmi les Top 10 investisseurs étrangers en Côte d’Ivoire, représentants entre 3 et 11% des investissements agréés. Parmi ces pays, bien que ne figurant pas traditionnellement parmi les cinq premiers investisseurs, le Burkina Faso s’est distingué en 2023 par des investissements significatifs dans les secteurs tels que la cimenterie, l’emballage et le transport de marchandises, soulignant ainsi une dynamique d’investissement interrégional continue, malgré le contexte socio-politique de la sous-région. 

« Je tiens à rappeler que les investissements directs nationaux représentent en moyenne 48% des investissements agréés au code des investissements depuis 2018, ce qui fait de la Côte d’Ivoire le premier investisseur dans le pays. »

A ce jour, nous ne pouvons pas spéculer sur l’impact de l’annonce du retrait du Mali et du Burkina Faso de la CEDEAO sur le volume de leurs investissements futurs en Côte d’Ivoire, mais comme je l’ai dit plus haut, la Côte d’Ivoire reste de loin le premier investisseur en Côte d’Ivoire et demeure un pays politiquement stable, très attractif grâce à une économie dynamique, des infrastructures de qualité et un code des Investissement avantageux.

Le CEPICI continue de mettre en œuvre sa stratégie de ciblage des investisseurs, en prospection sur de nouveaux marchés et sur ses marchés traditionnels, pour mobiliser davantage d’investissements, mais surtout de traduire les intentions d’investissements reçues en investissements concrets.

Entretien réalisé par Moutiou Adjibi Nourou.

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by : Agence Ecofin

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