SVB, classée le 14 février parmi les 20 meilleures banques américaines, et déclarée en faillite le 10 mars : qui croire ?

(Agence Ecofin) – Après des décennies de représentations héroïques d’Hollywood dans l’industrie cinématographique américaine, le monde, y compris les États-Unis, oublie souvent les failles importantes qui perdurent dans la gestion financière américaine et leur impact potentiel sur le monde entier.

L’effondrement de la Silicon Valley Bank (SVB) aux États-Unis suscite de nombreuses inquiétudes, mais en Afrique subsaharienne, où il existe une forte tendance à surestimer l’Amérique, le débat n’est pas très animé. Néanmoins, ce nouvel épisode rappelle une leçon précieuse : il est nécessaire d’adopter une attitude prudente à l’égard de certaines histoires à succès dans le pays de l’oncle Sam.

Au 13 février 2023, la banque était classée dans le célèbre magazine Forbes comme l’une des « 20 meilleures banques des États-Unis », en raison d’un rendement des capitaux propres de 13,8 %, d’actifs non performants de seulement 0,01 % et d’une augmentation du chiffre d’affaires d’environ 10 %. Moins d’un mois plus tard, la banque était déclarée en faillite et sa valeur boursière, qui avait atteint un sommet historique de 753,12 $ par action, a chuté presque à zéro, provoquant une grande panique sur les marchés financiers mondiaux et dans les autres banques.

Dans de nombreux médias, la hausse des taux d’intérêt de la banque centrale a été citée comme la raison de ce crash. On explique que les titres de dette existants, devenus peu attrayants, ont réduit leur valeur. Comme de nombreuses banques, SVB avait profité d’un marché de la dette à taux presque zéro pour mobiliser des ressources supplémentaires et financer le secteur des start-ups. Et, d’un autre côté, la banque utilisait les dépôts de ses clients pour investir dans d’autres obligations. Le problème est survenu quand elle a dû emprunter à un taux plus élevé pour rembourser sa dette précédente, alors que le marché de l’innovation tardait à délivrer les énormes profits attendus. Par exemple, Jumia, cité comme l’un de ses clients indirects, n’est devenu rentable qu’en 2022. Pendant ce temps, la liquidité de la banque sous forme d’obligations avait considérablement perdu de sa valeur.

Bien que ces faits soient exacts, ils n’expliquent pas tout… La banque présentait un ensemble de risques que personne ne voulait vraiment voir. Son bilan avait augmenté trop rapidement, principalement en raison d’une augmentation des capitaux propres réalisée par les dépôts des investisseurs.

Mieux, pendant une période de huit mois, SVB a fonctionné sans manager en charge du risque financier, alors que le secteur du capital-risque commençait déjà à montrer des signes de ralentissement. Il faut dire que, selon d’autres informations liées à cette faillite, le responsable de la filiale d’investissement de SVB n’était autre que le directeur financier de…. Lehman Brothers jusqu’en 2007, la banque d’investissement américaine qui a connu l’une des plus grandes faillites du secteur en 2008, impliquant des milliards de dollars de produits financiers dits toxiques.

Enfin, il a également été révélé que deux semaines avant l’effondrement de SVB, son directeur général avait vendu pour 3,9 millions de dollars d’actions, et selon CNBC, des membres de la direction supérieure de la banque avaient vendu pour environ 84 millions de dollars d’actions au cours des deux années précédentes. Il est difficile de savoir s’ils réalisaient simplement leurs profits ou s’ils avaient anticipé les difficultés à venir. Dans tous les cas, la valeur boursière de la banque n’a cessé de baisser depuis 2021.

L’analyse des implications pour l’Afrique est actuellement limitée à une éventuelle contagion mondiale des faillites bancaires américaines. Les médias sud-africains ont couvert la question. Cependant, il existe plusieurs risques indirects.

Selon les données recueillies par Castell Hall Diligence sur le site web du régulateur américain des marchés financiers (SEC), plusieurs sociétés de capital-risque qui ont des engagements en Afrique figuraient parmi les clients de SVB. Parmi les dix premières, on trouve notamment 4Dx Ventures et Quona Capital, entre autres. Et surtout, la faillite de SVB a révélé le fait que la plupart des start-ups dans le monde, y compris en Afrique, dispose rarement de personnel compétent dans la gestion des risques.



by : Agence Ecofin

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