(Agence Ecofin) – Alors que l’inflation contraint la BCEAO à relever ses taux directeurs, cette politique monétaire n’est pas sans conséquence sur les obligations souveraines. Presque privés des marchés financiers internationaux, les Etats qui misent fortement sur le marché régional cette année devront payer le prix.
La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a annoncé une quatrième hausse de son principal taux directeur en moins d’un an, passant de 2,75% à 3%. Cette politique monétaire a pour but de freiner la pression inflationniste qui reste forte dans la région, même si elle a diminué ces derniers mois. Par exemple, en décembre, l’inflation dans l’Uemoa est passée à 7%, pour retomber un peu plus en janvier à 6% en partie due à la bonne tenue de la campagne agricole dans la sous-région.
« Retour à la normale »
Pour la BCEAO, ces resserrements représentent un retour à la normale après avoir mis en place des politiques d’assouplissement depuis 2020 pour injecter de la liquidité dans les économies de l’Uemoa, qui ont été durement touchées par la crise sanitaire liée à la Covid-19.
« Cette hausse, qui est la première de cette année 2023 et la quatrième depuis juin 2022, s’inscrit dans le cadre de la normalisation graduelle de la politique monétaire de la Banque centrale. Elle devrait contribuer à ramener l’inflation dans l’intervalle cible de la Banque centrale (1% à 3%) sur le moyen terme », espère la BCEAO.
Contrairement à d’autres régions du monde où le durcissement des conditions d’accès au financement a eu des répercussions négatives sur la croissance économique, l’Uemoa a enregistré une croissance solide malgré les trois hausses successives des taux directeurs en 2022. Jean-Claude Kassi Brou, gouverneur de la BCEAO, reste confiant quant aux perspectives pour cette année et table sur une croissance robuste.
Rendements obligataires en hausse
Cependant, l’augmentation des taux risque de mettre la pression sur les investissements publics, car les pays de l’Union sont presque exclus des marchés financiers internationaux depuis l’année dernière, alors que les besoins de financement ont grimpé. En 2022, le déficit budgétaire global de l’Union s’est creusé à 6,1% du PIB, contre 5,5% en 2021.
En effet, les politiques monétaires des pays développés se sont durcies, entraînant une hausse rapide de leurs taux directeurs, sous la pression d’une inflation galopante. Ces ajustements ont eu pour conséquence une augmentation des coûts d’accès aux marchés financiers internationaux pour les pays africains dont les notations financières en devises restent assez basses.
Les Etats membres de l’Union, tels que la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Sénégal, qui avaient une stratégie axée sur les euro-obligations, ont dû se tourner vers les marchés régionaux ainsi que les financements bilatéraux ou multilatéraux pour financer leur déficit après des mois d’attente de conditions plus favorables à l’international. Pour pallier le manque de financement, ils ont eu recours à des adjudications auprès du marché d’UMOA-Titres et des syndications. Le Sénégal, par exemple, a levé plus de 1 000 milliards FCFA par adjudication via UMOA-Titres. Idem pour la Côte d’Ivoire qui y a collecté pas moins de 1 680 milliards FCFA. Le Bénin a effectué un retour remarquable sur les deux segments du marché régional, avec une stratégie d’appoint qui combine syndication et adjudication, en émettant sur de très longues maturités.
Mais à quel taux ? D’après les analyses de données effectuées par l’équipe Data d’Ecofin, les rendements à l’échéance projetés sur obligations émises en 2022 étaient en train de revenir au même niveau qu’en 2019, avant la crise. Un constat confirmé par Arouna Sow, macroéconomiste en chef chez UMOA-Titres et plusieurs gestionnaires de portefeuille OPCVM contactés par l’Agence Ecofin.
Selon l’économiste, il y a eu une tendance notable dans les données depuis juin 2022 où est intervenu le premier relèvement des taux directeurs de la BCEAO. « En théorie, il existe une relation entre les taux directeurs et les taux à court terme, car les taux directeurs sont des taux pour les opérations de guichet ordinaires sur une courte période. Ils influencent donc les taux que les investisseurs proposent sur les instruments à court terme », souligne Arouna Sow. Les données analysées par l’Agence Ecofin montrent qu’effectivement, le marché a réagi à la hausse des taux de la Banque centrale. Entre juin 2022 et février 2023, le rendement moyen mensuel sur les bons assimilables du Trésor (les titres de moins de 3 ans) est passé de 2,85% à 3,9%.
Même si l’inflation n’est pas le seul facteur qui influence les taux, il représente un élément d’analyse des investisseurs, « car elle peut affecter le rendement réel des obligations, c’est-à-dire le rendement ajusté pour l’inflation ». « Si l’inflation est élevée, cela peut réduire le rendement réel des obligations et rendre l’investissement moins attractif pour les investisseurs ».
La tendance sur les taux à long terme reste presque la même, bien que d’après l’économiste, les taux longs « dépendent davantage des attentes et anticipations des investisseurs quant à l’orientation de la politique monétaire, ainsi que d’autres facteurs liés au risque », tempère l’économiste.
La reprise des adjudications met la pression sur les rendements obligataires
Ce début d’année où les pays mènent des démarches pour obtenir des financements sur le marché des titres publics organisés par UMOA-Titres, les taux restent encore très élevés par rapport à ce qu’on a pu voir, une tendance qu’il est difficile d’analyser en profondeur au stade actuel, explique Arouna Sow.
Alors que le Comité de politique monétaire de la BCEAO a annoncé qu’il prendrait les mesures nécessaires pour assurer la stabilité monétaire dans les mois à venir, les taux obligataires pourraient ne pas revenir rapidement à leur niveau de 2020 ou même début 2021. En effet, la Banque centrale a annoncé une reprise des adjudications à taux variables sur ses guichets d’appels d’offres hebdomadaires et mensuels.
Même si le guichet de relance et le guichet de soutien et de résilience conservent leur mode de fonctionnement, la mesure pourrait mettre en difficulté plusieurs institutions bancaires qui s’étaient accommodées des taux fixes bas et avaient adossé une grande partie de leurs emplois sur le refinancement aux guichets BCEAO. Détenant environ 90% des titres publics émis par les Etats, ces banques pourraient réduire leurs objectifs sur les obligations souveraines, étant donné leur difficulté à accéder à la liquidité de manière privilégiée, dans un contexte de hausse des taux.
Fiacre E. Kakpo
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by : Agence Ecofin
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