(Agence Ecofin) – Performance de la filiale ivoirienne et du cluster Uemoa, devenu le plus rentable du groupe panafricain, les prochains grands chantiers, la digitalisation, l’inclusion financière, ses perspectives pour le secteur bancaire… Paul Harry Aithnard, DG d’Ecobank CI livre son point de vue, dans cette interview exclusive donnée à l’Agence Ecofin, sur l’année 2020, le premier semestre 2021 et l’environnement bancaire post-Covid-19
Agence Ecofin (AE) : Ecobank Côte d’Ivoire sort d’une année 2020 marquée par son bénéfice net le plus élevé depuis 2016. C’est une solide performance, mais cela représente seulement 80% des prévisions que vous vous étiez fixées. Au-delà de la Covid-19 quels commentaires pouvez-vous faire de ces résultats ?
Paul Harry Aithnard (PHA) : 2020 a été une année spéciale des « premières ». Notre performance va dans le bon sens. C’est la première fois que la banque a eu ce niveau de résultat net, 30 milliards FCFA. C’est également la première fois que notre total bilan est passé au-dessus des 1600 milliards FCFA. C’est la première fois que les dépôts clients se rapprochent des 1000 milliards FCFA et c’est la première fois aussi que nous atteignons un niveau de chiffre d’affaires qui se rapproche des 86 milliards FCFA.
Enfin, c’est la première fois que la banque renforce autant ses niveaux de fonds propres qui sont quasiment de 130 milliards FCFA. Toutes ces performances sont des acquis dans le déroulement de notre feuille de route que nous avons mis en place depuis bientôt 2 ans et demi.
Toutefois, l’année 2020 a vu l’arrivée du coronavirus qui nous a retardés dans l’exécution de cette feuille de route sur quelques volets.
Il s’agit notamment des volumes de crédit qui se sont presque stabilisés à la fin de l’année dernière autour de 670 milliards FCFA. Il est vrai que cette contraction du volume de crédit était liée à un certain nombre de mesures restrictives et sélectives que nous avons prises au niveau des prêts dans un environnement difficile aussi bien pour nous que pour les clients. Nous avons en revanche travaillé de manière assez ardue pour compenser cette stagnation au niveau de nos revenus d’intérêt par une augmentation très forte sur les revenus hors intérêts.
« Nous nous retrouvons aujourd’hui avec un niveau de couverture des créances douteuses qui est au-dessus de 90%, ce qui en fait un des meilleurs de la sous-région. »
L’autre élément qui a également eu un impact négatif sur la meilleure tenue de la banque est le coût du risque qui se présentait à la fin de l’année 2020 autour de 10 milliards FCFA. Nous voulons aussi y travailler davantage et pensons que la banque, dans l’état où elle est aujourd’hui, avec tous les efforts fournis, produirait un coût du risque encore moins élevé. Le niveau de notre coût du risque traduit cependant une volonté de notre part de couvrir de manière adéquate toutes les créances douteuses.
Avec ces efforts de protection de la banque et des fonds propres, nous nous retrouvons aujourd’hui avec un niveau de couverture des créances douteuses qui est au-dessus de 90%, ce qui en fait un des meilleurs de la sous-région. C’est ce qui est la bonne attitude à avoir.
AE : Nous venons de terminer le premier semestre de l’année 2021, dites-nous comment se sont déroulés ces 6 premiers mois de l’année.
PHA : Les chiffres de fin mars 2021 montrent une performance solide de résultat net de 9 milliards FCFA soit une hausse de plus de 25% par rapport à l’année précédente à la même période. Sur le premier semestre, nous avons maintenu l’accent sur l’exécution de notre feuille de route stratégique. Nous faisons toujours attention à l’environnement macro-économique afin de mieux gérer les questions liées au risque, et continuer à offrir les services nécessaires à notre banque. Nous restons résolument concentrés sur un bon atterrissage sur la fin du premier semestre. Nous aurons l’occasion d’annoncer les chiffres un peu plus tard durant l’année.
AE : Pour 2020, vous présentez des indicateurs qui confirment les objectifs de croissance de diversification et d’efficience, les trois éléments de votre plan stratégique. Mais on note encore des défis : des revenus d’intérêts en baisse, une place encore importante de la banque corporate (63%) et une digitalisation qui avance, mais sans rapidement grossir la base clientèle. Êtes-vous optimiste pour un achèvement réussi de votre plan stratégique ?
PHA : Nous sommes aujourd’hui capables de faire une revue à mi-parcours de notre feuille de route stratégique quinquennale, actée en janvier 2019, que nous avons appelée “Réussir ensemble”. Nous sommes résolument optimistes par rapport à la phase d’exécution qui est en cours et les leviers spécifiques sur lesquels nous avons axé cette feuille de route que sont la croissance, la diversification et l’efficience. Les résultats sont positifs sur chacun de ces 3 piliers.
« Nous sommes capables d’annoncer plus de 1 million d’utilisateurs de notre portefeuille de monnaie électronique Xpress (…) L’objectif ultime est que tous les 2 ans, nous soyons capables de faire progresser la base clientèle d’au moins 50%. Je pense que la digitalisation sera la locomotive de cette croissance.»
Au niveau de la digitalisation, qui est un axe majeur à l’intérieur de cette feuille de route stratégique, les résultats que nous avons atteints à la fin de l’année 2020 sont positifs et déjà perceptibles. Nous avons réussi à faire augmenter le nombre d’utilisateurs de notre plateforme digitale de près de 60% sur l’année. Aujourd’hui, il y a près de 15 000 personnes qui téléchargent chaque mois notre application mobile pour les particuliers, Ecobank Mobile. Nous sommes capables d’annoncer plus de 1 million d’utilisateurs de notre portefeuille de monnaie électronique qui s’appelle le compte Xpress.
Tous ces éléments sont positifs et nous incitent à progresser dans notre stratégie de digitalisation. L’impact est encore limité sur la taille de notre base clientèle, mais nous voulons encore aller plus loin. L’objectif ultime est que tous les 2 ans, nous soyons capables de faire progresser la base clientèle d’au moins 50%. Je pense que la digitalisation sera la locomotive de cette croissance.
L’importance de la banque des grands comptes est réelle. C’est une bonne nouvelle qu’elle continue de contribuer de manière importante à la progression de la banque. Mais le futur pour nous se construit autour de deux autres lignes d’activités. Nous voulons augmenter la contribution de la banque qui s’occupe des particuliers. Il s’agira également d’augmenter la contribution de ce que nous appelons la banque commerciale qui est toutes les offres et tous les services que nous offrons aux entreprises locales et aux PME.
AE : Vous entendez aussi créer une chaîne de l’inclusion financière en misant sur la banque. Comment mettre en place une telle solution dans la sphère bancaire, alors que ce modèle continue d’être considéré comme l’apanage des structures de microfinance et des services de paiement mobile ?
PHA : Il faut créer un écosystème. Ma conviction est que si nous restons chacun de son côté, nous n’allons pas y arriver. Que ce soit les banques, les microfinances et les opérateurs téléphoniques, chacun agit aujourd’hui sur une partie de la chaîne. L’opérateur de téléphonie, le dernier maillon de la chaîne, est capable de distribuer le financement nécessaire jusqu’au coin le plus reculé du pays. Les structures de Microfinance de leur côté, sont capables d’offrir des services financiers additionnels, dans des espaces qui sont reculés par rapport à ce que peut faire la banque. En revanche, seule la banque dispose de la surface financière nécessaire, et surtout l’expertise nécessaire, pour pouvoir s’assurer que le crédit va aux bons utilisateurs.
« Aujourd’hui, avec notre application mobile, tout utilisateur dans le village le plus reculé de chaque pays en Afrique est capable d’ouvrir un compte Xpress qui lui permet de faire les mêmes transactions que font les opérateurs téléphoniques.»
On a ainsi besoin de toute cette chaîne de financement. Nous sommes convaincus que nous pouvons le faire. Ecobank est en train de poser les jalons. Aujourd’hui, avec notre application mobile, tout utilisateur dans le village le plus reculé de chaque pays en Afrique est capable d’ouvrir un compte Xpress qui lui permet de faire les mêmes transactions que font les opérateurs téléphoniques. Ecobank l’a fait seul. Mais, je suis de ceux qui pensent qu’il faut miser sur la convergence plutôt que sur la divergence. Je pense que cela irait plus vite si on parvenait à créer cette chaîne avec les opérateurs téléphoniques et les microfinances.
Point Ecobank Xpress de l’Université de Lomé.
© Komlan Daniel Agbenonwossi
AE : Chez Ecobank Côte d’Ivoire, quelles sont les initiatives d’inclusion que vous avez déjà engagées dans le sens de cette ambition ?
PHA : Nous avons lancé une initiative forte en ce sens. D’ailleurs, la banque a été primée meilleure banque des PME tout dernièrement. Cette initiative forte pour le financement des PME suppose que nous voulons allouer des enveloppes de crédits dédiées aux PME. Sur la Côte d’Ivoire, par exemple, nous pensons injecter 10 milliards FCFA à peu près, au minimum.
Une académie en ligne créée avec le partenariat de l’Union africaine et du NEPAD, permettra de former près de 100 000 PME, un objectif que nous ambitionnons atteindre sur les prochains mois en Afrique. Un autre programme concerne uniquement le financement des entreprises qui sont portées par les femmes. Il s’agit du programme ELLEVER.
Enfin, nous voulons soutenir aussi ces petites et moyennes entreprises dans leur digitalisation, comment elles peuvent offrir des produits sur les plateformes électroniques et des marchés électroniques. Nous avons signé des accords avec des opérateurs comme Google qui vont aider ces entreprises qui souhaitent offrir des produits, non plus uniquement à des clients africains, mais à des clients du monde entier.
AE : On le voit depuis trois ans, votre modèle n’est pas forcément de dégager des excédents de capital, vous avez distribué régulièrement une très grande partie de vos bénéfices depuis votre arrivée, allant jusqu’à 70%. Qu’est-ce qui sous-tend cette politique généreuse de distribution répétée en 2020 alors que la période post-covid fait planer l’incertitude sur le secteur bancaire ?
PHA : Nous pensons qu’il est important que toute entreprise ait la flexibilité nécessaire pour avoir une bonne politique de distribution. Le moins de contrainte elle a, le mieux c’est. La politique de redistribution de dividende fait partie intégrante de la politique de financement de tout en entreprise.
« Nous avons un coussin largement nécessaire qui nous permet de maintenir une politique généreuse de distribution de dividende.»
Nous avons mis en place une politique de redistribution en effet généreuse en nous appuyant sur des fondamentaux solides. Nous ne ferions jamais une politique de redistribution généreuse si nos fondamentaux n’étaient pas solides. Je vous rassure, le ratio de solvabilité d’Ecobank est aujourd’hui quasiment à 15%, 400 points de base au-delà de la norme réglementaire. Nous avons un coussin largement nécessaire qui nous permet de maintenir une politique généreuse de distribution de dividende. Le dernier point est que nous retournons l’ascenseur à nos investisseurs. N’oubliez pas que lorsqu’une entreprise distribue des dividendes, c’est aussi une source de revenus pour les investisseurs. Particulièrement, ceux-ci de notre région perçoivent les dividendes comme une source annuelle de revenus nécessaires. C’est ainsi que le marché apprécie et évalue une entreprise.
AE : Vous êtes également le patron du cluster UEMOA du groupe Ecobank. On a noté une hausse de 57% (à taux de changes réel) des dépréciations nettes sur les prêts en raison d’un volume plus faible de recouvrement et de reprise de provision. On a aussi noté une augmentation de 71% des dépréciations sur les actifs financiers. Comment se dessine la gestion du coût du risque dans cette sous-région en 2021 ?
PHA : Il faut préciser un certain nombre d’éléments techniques pour pouvoir répondre à votre question. Premier élément de réponse : la hausse du stock de dépréciation s’explique également par la mise en œuvre stricte du nouveau dispositif prudentiel applicable aux établissements de crédits et aux compagnies financières de l’UEMOA. C’est donc à peu près normal que toutes les banques de la région voient leurs volumes bruts de dépréciations et de provisions augmenter. Face à cela, ce qu’il faut faire, c’est d’essayer d’augmenter au maximum les recouvrements et les reprises de provision. Ce sujet est très important pour nous qui voulons tout faire pour maintenir notre coût du risque en dessous de 2%, tout en ayant une politique de provisionnement rigoureuse. Cela suppose que nous mettions en place des ressources qui permettent d’avoir des niveaux de recouvrement très élevés. Mais avant le recouvrement, le vrai sujet c’est de savoir comment identifier assez tôt les risques lorsqu’on veut octroyer un crédit et comment obtenir des renseignements commerciaux fiables sur la personne.
« Ce sujet est très important pour nous qui voulons tout faire pour maintenir notre coût du risque en dessous de 2%, tout en ayant une politique de provisionnement rigoureuse.»
C’est pour cela que nous nous sommes régulièrement inscrits dans plusieurs dispositifs mis en place par la BCEAO : les dispositifs d’accompagnement, le Bureau d’information sur le crédit (BIC), la centrale des risques. Ce sont des dispositifs que nous utilisons de manière intensive pour nous assurer que nous pouvons déployer de plus en plus de crédits de manière saine et qui ne crée pas derrière des crédits en souffrance.
AE : Le cluster UEMOA que vous dirigez, déjà le plus important du groupe en termes de revenus et d’actifs depuis environ deux ans, a renforcé sa position devenant la plus rentable d’Ecobank fin mars 2021, selon les données à notre disposition. Après Ecobank Nigeria, c’est le cluster Ghana-Liberia-Sierra Leone qui se font dépasser par les filiales de l’UEMOA, la Guinée y compris. Quels sont les facteurs qui structurent cette redéfinition de l’ordre au sein du groupe bancaire ?
PHA : C’est aussi un retour aux sources parce que le cœur battant du groupe Ecobank se trouve en Afrique de l’Ouest francophone. Que nous soyons aujourd’hui la région la plus rentable est une preuve que nous revenons à ce rôle de locomotive qu’on a toujours joué. La bonne performance dans cette zone est aussi le reflet de l’exécution réussie de notre feuille de route stratégique, mise en place depuis 2019 et axée sur trois piliers : la croissance, la diversification et l’efficience. Tous ces éléments restent en place et nous voulons continuer à jouer ce rôle de locomotive pour le groupe Ecobank sur les prochains mois.
AE : Quels sont les objectifs de performance pour Ecobank Côte d’Ivoire en 2021 de façon globale ?
PHA : De façon globale, l’environnement économique demeure optimiste et prudent. Nous mettons l’accent sur la croissance des dépôts, voulons continuer à renforcer nos parts de marché en termes de microcrédit. Ecobank va maintenir ses efforts en termes d’optimisation de charge, parce que nous aspirons définitivement à une banque qui évolue avec un coefficient d’exploitation autour de 50%.
Nous aspirons définitivement à une banque qui évolue avec un coefficient d’exploitation autour de 50%.
Enfin, nous tenons absolument à jouer un rôle de leadership au niveau du pays, à travers une stratégie portée par la croissance dans un environnement qui est porteur malgré les circonstances. Les objectifs de performance sont clairement de faire mieux que l’année 2020.
AE : La filiale EDC d’Ecobank, leader sur le segment de gestion OPCVM, avec à fin mars 2021 plus de 200 milliards d’actifs sous gestion, fait l’objet de révélation dans la presse de possibles dysfonctionnements qui lui ont valu des sanctions du régulateur. Votre nom a été cité, quel commentaire pouvez-vous faire à propos de cette affaire ?
PHA : Nous avons vu les commentaires dans la presse, et avons publié un communiqué de presse qui restitue les faits et qui fait la distinction entre le rôle de la banque et de la SGO. Les discussions sont en cours avec le régulateur sur le sujet. Je reste confiant sur la résolution de l’affaire actuellement en cours. Si on passe au-delà de ce sujet, je pense qu’il faut saluer avant tout, le rôle de cette SGO dans sa mission de société de gestion d’OPCVM. Elle joue un rôle majeur dans la fonction de l’épargne au niveau de la région.
« Nous allons devoir, de manière résolue, régler le problème de financement des PME et de l’agriculture.»
Aujourd’hui, nous sommes n°1 avec plus de 200 milliards d’actifs sous gestion. Cela voudra dire qu’il y a des personnes et institutions qui nous font confiance en nous confiant la gestion de plus de 200 milliards de leurs parts. Le sujet de l’épargne nous tient à cœur. J’ai lancé personnellement le salon de l’épargne de la Côte d’Ivoire depuis 3 ans. Nous allons continuer à inciter les Ivoiriens à épargner. C’est la meilleure solution par rapport à notre circuit de préfinancement.
AE : Comment entrevoyez-vous notre secteur bancaire dans l’environnement post Covid-19 ?
PHA : J’entrevois un secteur bancaire compétitif, beaucoup plus serein dans le digital. Il va être beaucoup plus compétitif parce que le redémarrage économique, les opportunités d’affaires s’accroissent. Je pense qu’il y aura plus d’agressivité commerciale.
Le secteur sera aussi beaucoup plus compétitif parce que nous allons avoir de nouveaux acteurs, non pas uniquement sur le sujet de financement, mais aussi sur les sujets de paiements avec les fintech et les opérateurs télécoms. Les banques qui vont réussir sont celles qui resteront dans une dynamique de croissance et d’agressivité commerciale.
La Covid-19 nous apprend que nous devons commencer à transformer absolument nos produits agricoles plutôt que de penser uniquement à exporter nos matières premières.
J’entrevois aussi un secteur bancaire dominé par le sujet de la digitalisation. Les agences vont être de moins en moins des vecteurs, des espaces de rencontre entre les banques et leur client. Les espaces de rencontre seront plus, soit par ordinateur ou par mobile, ou alors par la voix. Pour moi, c’est une tendance qui va s’accélérer dans les prochaines années dans un environnement post-Covid-19
Enfin, dans l’environnement post-Covid, nous allons devoir, de manière résolue, régler le problème de financement des PME et de l’agriculture. Car la Covid-19 nous a montré qu’en plus de la mondialisation, nous avons quand même besoin de chaînes de valeur régionales et locales. La Covid-19 nous apprend que nous devons commencer à transformer absolument nos produits agricoles plutôt que de penser uniquement à exporter nos matières premières.
C’est ce que nous dit la Covid-19, parce que quand la Chine a été fermée, nous avons dû nous débrouiller uniquement avec les produits qui étaient disponibles localement. Pour toutes ces raisons, les banques doivent trouver la solution définitive, pour pouvoir aider à financer l’agriculture et les PME. Ecobank est résolument dans cette logique : comment financer nos PME, notre agriculture, notre secteur privé local, et nos pays à l’aune de la nouvelle Zone de libre Échange continentale qui se met en place.
AE : Le secteur agricole est le parent pauvre du financement bancaire dans la sous-région. Quels sont, selon vous, les facteurs qui bloquent l’accès au financement par les acteurs agricoles ?
PHA : Il y a plusieurs éléments qui bloquent et il faut avoir une conviction forte pour les régler. Le point de départ pour trouver une solution, c’est d’être réaliste et objectif. Le réalisme vient du fait que dans le passé, chaque fois qu’on a voulu mettre en place une banque de financement pour l’agriculture, cela s’est soldé par des échecs. Il y a donc quelque chose que nous faisons mal. J’ai envie de dire qu’il faut repartir du début et créer une vraie offre de financement pour l’agriculture.
J’espère pouvoir être capable d’annoncer dans les prochains mois, une nouvelle offre dédiée au financement de l’agriculture. En Côte d’Ivoire, nous avons décidé de nous engager sur des secteurs comme le cacao et la noix de cajou.
A Ecobank, c’est ce que nous avons décidé de faire. Nous sommes repartis à la base pour essayer de mieux comprendre le secteur agricole afin de pouvoir le financer. Conscient que nous ne pouvons pas le faire seuls, nous nous sommes entourés d’équipes, de banques. Il existe des banques asiatiques, européennes qui y arrivent. Cela passe par un certain nombre de points d’attention qui sont par exemple, comment s’assurer qu’il y aura des acheteurs ? Comment s’assurer que le prix de vente restera stable ? Comment s’assurer que les garanties nécessaires soient données par des assureurs ?
Voilà un certain nombre d’aspects sur lesquels il faut garder un œil. Ecobank a décidé de s’attaquer à ce problème. J’espère pouvoir être capable d’annoncer dans les prochains mois, une nouvelle offre dédiée au financement de l’agriculture. Mais en tant qu’africains, en tant que Banque, définitivement, nous devons faire beaucoup mieux pour le financement de l’agriculture, aussi bien pour la partie production, encore plus pour la partie transformation agricole. Sur ce sujet-là, en Côte d’Ivoire, nous avons décidé de nous engager sur des secteurs comme le cacao et la noix de cajou.
Interview réalisée par Fiacre E. Kakpo
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by : Fiacre E. Kapko
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