(Agence Ecofin) – Quelques mois après l’entrée en fonction d’un gouvernement de transition, le Mali semble s’éloigner progressivement de l’épisode noir du coup de force d’août 2020. L’univers des créanciers est satisfait, mais il faudra plus d’efforts pour consolider la confiance.

La relative stabilité politique au Mali est bien perçue par les investisseurs. Elle fait suite à l’épisode violent du coup de force militaire d’août 2020, qui a vu la déchéance du président, Ibrahim Boubacar Keïta, et de son Premier ministre, Boubou Cissé. La satisfaction est notamment perceptible chez les créanciers qui ont prêté de l’argent au gouvernement de ce pays, ou à son secteur privé.

Moody’s a d’ailleurs salué ce retour progressif au calme. Dans sa récente analyse sur le pays, l’agence de notation a maintenu sa note très spéculative à Caa1, mais revu à la hausse ses perspectives de négatives à « stables ».

« Les perspectives stables reflètent les attentes de Moody’s selon lesquelles un retour au régime civil se produira à court et moyen termes, et que la situation en matière de sécurité ne se détériorera pas davantage. Dans le même temps, nous prévoyons que le fardeau de la dette du Mali se stabilisera à environ 50% du PIB, soutenu par la reprise économique en cours après la pandémie et l’engagement du gouvernement en faveur de l’assainissement budgétaire », a fait savoir l’agence américaine, commentant sa position.

Cette confiance retrouvée des investisseurs est aussi perceptible sur le sentiment exprimé par les investisseurs qui achètent les obligations du Mali sur le marché des capitaux de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Pour les obligations à 12 mois de maturité, ils exigent 4,73% d’intérêts, selon une récente courbe des taux publiés par l’agence Umoa-Titres. Début octobre 2020, alors que se négociait une transition pacifique au lendemain du coup d’Etat, ce taux était de 5,55.

A plus long terme, le Mali est jugé comme étant risqué. Si Moctar Ouane, Premier ministre de transition, a fait un travail apprécié par une part des partenaires, le pays doit encore surmonter plusieurs défis. L’insécurité continue de régner en dehors de la zone sécurisée de Bamako, et la situation ne semble pas proche d’être réglée définitivement. Le pays possède aussi l’une des populations les plus jeunes d’Afrique. Près de 48,6% des Maliens seraient âgés de 15 ans ou moins.

Le Mali est aussi reconnu pour son potentiel agricole et figure dans le top 5 des producteurs africains de coton. Il possède des terres arables susceptibles de faire du pays, un grenier pour l’UEMOA. Il est aussi dans le top 5 des producteurs d’or d’Afrique. Mais la répartition des richesses fait encore l’objet de contestations, et les moindres revendications politiques poussent facilement le pays au bord de l’explosion. 

Idriss Linge