
(Agence Ecofin) – Le non-remboursement des crédits accordés par les banques est devenu un problème dans le monde et aussi au Cameroun. Dans le détail, on note qu’il ne s’agit pas que de la mauvaise foi des clients. Il y a aussi les principes de comptabilisation qui peuvent gonfler l’enveloppe.
A la fin du mois de février 2021, le volume global des créances en souffrance (en attente de remboursement) des banques en activité au Cameroun a atteint 655,6 milliards FCFA (environ 1 milliard d’euros), peut-on constater des données sur le marché bancaire local. Selon des calculs de l’Agence Ecofin, cela fait une augmentation de 70,6 milliards FCFA, depuis fin mars 2020.
Sur cet ensemble, les créances douteuses ont connu la plus forte augmentation, avec une progression de 45 milliards FCFA pour atteindre 385,5 milliards FCFA à fin février 2021. Elles sont présentées par la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) comme étant des concours financiers de toute nature, même assortis de garantie, qui présentent un risque probable de non-recouvrement total ou partiel.
L’interprétation que cette institution fait des créances douteuses permet de les percevoir autrement que comme des dettes contractées par les entreprises et les ménages, et qui ne sont pas remboursées. Il y a notamment le principe dit de la « contagion », qui veut que si une échéance de remboursement n’a pas été honorée, c’est l’ensemble du crédit que les banques doivent considérer comme douteux, y compris les dettes dont les échéances ne sont pas encore arrivées.
On a par contre relevé une baisse des créances impayées dans le système bancaire camerounais. Elles sont passées de 85,6 milliards FCFA à fin mars 2020 à 68 milliards FCFA à fin février 2021. Rappelons que par rapport à décembre 2020, cet indicateur affiche une baisse de près de 32 milliards FCFA. Cela pourrait s’expliquer par la validation des moratoires de remboursement accordés par les banques, en conformité avec les mesures de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac), visant à assister les entreprises en ces moments de covid-19.
La Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Cameroun, filiale du marocain BCP, est celle dont l’encours des créances en souffrance est le plus important (184,3 milliards FCFA). Si ce volume brut est en baisse par rapport à celui de fin mars 2020, on note que la catégorie des créances douteuses est en hausse dans le bilan de cette entreprise. Toutefois, la banque la plus à risque est Union Bank of Cameroon, avec des créances en souffrance qui représentent 90% de son portefeuille de crédit.
Les clients qui exposent le plus les banques sont les entreprises. Le cumul des créances en souffrance des sociétés anonymes et individuelles est de 458,6 milliards FCFA, soit 84% de l’encours global des créances en souffrance du secteur bancaire camerounais. Bien avant la pandémie de covid-19, les performances de plusieurs entreprises étaient déjà mitigées, selon de récentes données de l’Institut des statistiques.
Plus globalement, on note une montée des créances en souffrance dans le secteur bancaire camerounais. De 14,5% fin 2019, elles sont désormais à 16,5%. Les banques profitent de ces données pour augmenter la part des coûts du risque lorsqu’elles octroient les crédits à leurs clients. Les particuliers souffrent d’un accès difficile aux crédits, alors même qu’ils ne sont pas le plus gros risque pour les banques.
Idriss Linge
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by : Idriss LINGE
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