
( OBARA CAPITAL) – Ces derniers mois, coup sur coup, les émissions d’eurobonds de la Côte d’Ivoire et du Bénin ont défrayé la chronique. Fin novembre 2020, la Côte d’Ivoire émettait un eurobond de 1 milliard d’euros, pour un taux d’intérêt de 5%, le plus bas de l’histoire du pays, avant de mobiliser le 11 février 850 millions d’euros auprès des investisseurs privés dans le cadre d’une nouvelle émission d’euro-obligations au taux record de 4,3%. En janvier, le Bénin levait un milliard d’euros sur le marché international de la dette suite à une émission en deux tranches, elle aussi souscrite à un taux historiquement bas (4,8% à dix ans, soit un point de moins que pour l’eurobond de 2019, malgré une durée de maturité allongée). Avec comme objectifs de racheter de précédentes obligations souscrites à des taux plus élevés, limiter les risques de refinancement, allonger la maturité de sa dette et réduire son coût moyen, mais aussi de financer le Programme d’action du gouvernement et le budget 2021 de l’Etat. Dans la foulée, la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) levait 750 millions d’euros sur douze ans, à 2,75 % d’intérêts.
Taux d’intérêt historiquement bas, maturités records dans cette zone, sursouscription des émissions, intérêt de l’Asie… Les conditions de ces émissions obligataires, qui envoient un signal fort quant à la santé économique de la sous-région, marquent un tournant dans la perception du risque de la dette africaine de la part des investisseurs. Un tournant corrélé à la croissance du PIB dans cette zone, la Côte d’Ivoire et le Bénin faisant partie des dix économies d’Afrique de l’Ouest aux taux de croissance les plus élevés en 2020. Leur dette est soutenable, et les prévisions du FMI, qui indiquent un rebond de la zone UEMOA en 2021, n’ont pas échappé aux investisseurs.
Flexibilité et rapidité
Au-delà de ces cas emblématiques récents, le recours aux marchés obligataires internationaux va crescendo depuis une dizaine d’années en Afrique subsaharienne pour financer leurs politiques d’infrastructures et restructurer leur dette. Après l’Afrique du Sud, les Seychelles ont été le premier pays subsaharien à émettre un eurobond en 2006, suivi par le Ghana. Entre 2007 et 2017, le montant levé dépasserait 20 milliards de dollars. Face à la réduction de l’aide au développement, l’émission d’eurobonds est apparue comme une alternative, présentant l’avantage de la flexibilité et permettant aux émetteurs africains des levées de fonds beaucoup plus importantes et rapides.
En 2018, 25 émissions d’eurobonds ont été enregistrées sur le continent pour un montant global avoisinant les 30 milliards de dollars – soit près de trois fois le nombre d’opérations moyen annuel entre 2012 et 2017 –, avec des durées d’endettement allant jusqu’à 30 ans. Il y a quelques années, seule une poignée d’Etats avaient accès à ce marché pour des durées maximales de dix ans. Plusieurs explications à cela : d’un côté, la baisse des revenus fiscaux consécutive à la chute des cours des matières premières a poussé plusieurs gouvernements à revoir leurs objectifs d’endettement à la hausse ; de l’autre, des investisseurs en quête de marchés rémunérateurs dans un contexte international marqué par des taux d’intérêt très faibles, qui profitent de l’aubaine.
Cercle vertueux
Aujourd’hui, les pays africains bénéficient d’un contexte porteur, sur fond d’appétit des investisseurs pour la dette africaine, alors que les besoins de financement de l’Afrique s’élèvent à environ 1 200 milliards de dollars pour la période 2020-2023, selon le FMI. Un cercle vertueux, le recours aux marchés internationaux impliquant de fournir davantage d’efforts en matière de transparence économique et financière et de gouvernance économique.
Si les eurobonds représentent plus de 20% de la dette extérieure des pays émetteurs, reste que le recours au marché obligataire international n’est pas sans risques pour les pays africains. D’abord parce que les eurobonds sont essentiellement émis en dollars, d’où l’importance pour les Etats de se soucier de la politique monétaire de la FED, qui impacte directement les taux directeurs et les taux d’intérêt. Ensuite parce que les économies subsahariennes sont impactées par la baisse du cours des matières premières et le ralentissement de l’économie chinoise, ce qui implique d’avoir mobilisé à l’échéance suffisamment de recettes en devises pour pouvoir rembourser l’emprunt en dollars.
Viabilité de la dette
Autre écueil : le durcissement des conditions de refinancement pour certains pays. Suite au ralentissement économique et à la dégradation des finances publiques, les agences de notation ont revu à la baisse leur notation, nombre d’Etats semblant exposés à un risque de défauts à l’approche de l’échéance de leur eurobond. Conséquence de la dégradation de la dette souveraine de ces Etats : des conditions moins avantageuses et à un coût plus élevé pour l’émission d’eurobonds.
Pour les pays tentés de suivre l’exemple ivoirien ou béninois, l’émission d’eurobonds implique une étude préalable approfondie des projets à financer et une analyse rigoureuse de la viabilité de la dette. Mais pour protéger les émetteurs des fluctuations du dollar, rien ne remplacera le développement d’un marché obligataire domestique robuste. À la clé : la fin de l’incertitude sur le cours de change et la mise à l’abri des émetteurs d’une éventuelle dépréciation de leur monnaie ou d’une appréciation du dollar américain, transférant ainsi le risque d’inflation et de change de l’émetteur vers le souscripteur de l’obligation.
Bernard Ayitee, CEO d’Obara Capital
Bernard Ayitee a créé le hedge fund africain Obara Capital en mars 2018 afin de proposer des instruments d’investissement alternatifs, des services de conseil spécialisé en fusion-acquisition et levées de fonds. Banquier d’affaires, il a auparavant été vice-président du département Corporate and Institutional Banking de BNP Paribas à Paris avant d’occuper le poste de Mergers & Acquisitions Director chez KeysFinance Partners en Côte d’Ivoire.
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