(Agence Ecofin) – L’assureur sud-africain Old Mutual qui est coté sur le Johannesburg Stock Exchange, s’est proposé de reverser 10 000 Rands (555,4 $) aux familles dont l’un des membres, travailleur du secteur de la santé en Afrique du Sud, trouverait la mort en cette période marquée par le Coronavirus. Ce mécanisme est présenté comme une « assurance-vie offerte » jusqu’en décembre 2020, et pour laquelle les bénéficiaires potentiels n’auront aucune prime à payer pour en bénéficier.

Le groupe financier a présenté cela aux médias, comme « un plan de solidarité à 4 milliards de rands » (222,1 millions $) qui vise à soulager les familles endeuillées. « Il ne s’agit ni d’un produit ni d’une police et aucune prime ne sera récupérée. Nous avons été contraints de répondre à ce besoin immédiat, en tant que premier assureur du pays », a fait savoir Iain Williamson, le directeur général de ce groupe d’assurance, commentant l’initiative.

 Mais au final, cela s’apparente plus à une opération de communication, qu’à une action concrète qui aidera à réparer des éventuelles conséquences du Coronavirus sur les familles de ces victimes. L’opération ne s’active que lorsque des personnels de santé décèdent. Or Il n’existe aucun scénario ou l’ensemble des 430 000 personnels de santé de l’Afrique du sud visé par cette « générosité » serait fatalement tué par la pandémie.

En Afrique du Sud, même si le nombre de cas a rapidement progressé ces dernières semaines, à la date du 12 avril 2020, seulement 1,23% des 2028 cas détectés sont décédés, contre pratiquement 20% de guérisons (410 au dernier comptage). Dans le cas où cette statistique triste se confirmait pour l’ensemble des personnels de santé du pays, cela ferait un peu moins de 6000 familles à soulager, soit un total de 60 millions de rands (3,3 millions $), très loin des 4 milliards de rands annoncés en fanfare par Old Mutual.

Une opération marketing douteuse

L’entreprise semble avoir anticipé sur cette perception des choses. Elle prévoit finalement que cette solution exceptionnelle puisse fonctionner, même si le soignant décédait d’une circonstance autre que le Coronavirus. Mais là aussi on opposerait la modicité de la somme. Rien que pour les frais funéraires en Afrique du sud, il faut compter au minimum 23 000 rands par personne, soit un peu plus de deux fois le soutien proposé par cette « assurance vie ».

D’autres assureurs sud-africains ont annoncé des appuis plus concrets en réponse à la pandémie. Discovery a mis en place en partenariat avec l’opérateur de télécommunication Vodacom, un système de numéro vert, permettant à tout sud-africain de se faire consulter en gratuitement ligne sur d’éventuels symptômes de la maladie. Le groupe Sanlam qui est le plus gros assureur d’Afrique en terme de capitalisation boursière, a annoncé un engagement de 1 milliard de rands (55 millions $) avec à la clé la disponibilité de l’eau et produit de lavage dans les zones rurales et d’autres mesures précises.

Le groupe Old Mutual qui est un des leaders en matière d’assurance en Afrique, aurait pu fournir un effort moins ridicule. Pour l’exercice 2019, sa branche assurance-vie en Afrique du sud, a déclaré des revenus de l’ordre de 7,5 milliards $. Le 4 avril 2020 dernier, elle a payé à ses 305 actionnaires directs un dividende global de 3,53 milliards de rands sud-africains (environ 200 millions $). En moyenne, chaque actionnaire direct aura touché près de 1200 fois la prime « généreusement » offerte à chaque famille de soignant endeuillée.

Idriss Linge