(Agence Ecofin) – En visite dans les locaux de la start-up Kiro’o Games qui a mobilisé l’essentiel de ses financements via le crowdfunding, le ministre camerounais en charge des Finances, Louis Paul Motaze (photo à gauche), a fait savoir qu’en plus d’accompagner cette technique de financement sur le plan institutionnel, le gouvernement travaillait à remettre sur pied des solutions antérieures de financement des petites et moyennes entreprises (PME).
« Pour le crédit-bail, le rapport dit que l’initiative n’a pas vraiment prospéré en raison du régime fiscal qui lui était imposé. Cela signifie que le gouvernement va également travailler à résoudre ce problème », a fait savoir Louis Paul Motaze, en marge de cette rencontre. Il a aussi indiqué que des discussions étaient en cours avec des partenaires au développement pour rendre la banque des PME créée par le président Paul Biya, beaucoup plus efficace.
« Le plus important c’est que le système économique soit irrigué par les financements dont il a besoin, quels que soient les secteurs », a expliqué le ministre des Finances. Comme c’est le cas pour beaucoup de pays africains, la PME constitue au Cameroun, un maillon essentiel de la vie économique et pourtant, elle éprouve encore des difficultés d’accès aux financements pour des besoins à court terme de liquidité ou pour le financement des investissements à plus long terme.
Le gouvernement a adopté en 2015, une stratégie d’inclusion financière, mais l’efficacité et la cohésion dans le déploiement de celle-ci demeurent assez faibles. La question avait fait déjà l’objet d’une discussion en juillet 2018, dans le cadre d’un Conseil des ministres. L’administration et même les banques estiment qu’une plus grande formalisation des PME est nécessaire pour améliorer le niveau d’accès au crédit.
Au-delà de la disponibilité des financements subsistent de nombreux défis structurels.
Au sein de ces entreprises, on se plaint cependant du caractère complexe et parfois contradictoire des processus de formalisation. Les promoteurs de PME se plaignent par exemple du fait que pour obtenir le moindre papier de l’administration fiscale, le temps mis est trop long. La mise sur pied des centres de gestion agréés a résolu une partie du problème, mais des goulots d’étranglement persistent.
En mai 2019, le ministère camerounais des PME a réuni les acteurs du secteur bancaire, les institutions d’accompagnement des PME et les promoteurs de ces structures, à l’effet de mettre en place une plateforme de financement adéquate. De nombreuses résolutions prises à l’occasion de cette rencontre ne sont pas encore mises en œuvre. A côté de cela, les contraintes réglementaires du secteur bancaire et le régime fiscal des crédits à l’économie continuent de constituer des freins importants.
Sur le plan fiscal notamment, les établissements de microfinance qui techniquement réalisent des marges très faibles sont encore soumis au paiement de l’impôt sur les sociétés. Cette situation a deux principales conséquences. Elle rend difficile l’arrivée de nouveaux investissements dans le secteur, car les rendements des fonds propres sont faibles, mais aussi elle renchérit le coût du crédit qui en principe, est destiné à des personnes à faibles revenus.
En plus de ces défis, les institutions de microfinance de première catégorie qui sont au service d’un très grand nombre de petits entrepreneurs notamment dans les zones rurales, sont les seules à ne pas pratiquer la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les intérêts perçus en accordant du crédit. Encore faudrait-il que le montant alloué soit inférieur à 2 millions FCFA, un niveau très faible pour soutenir le développement et la croissance d’une PME.
Idriss Linge
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by : Agence Ecofin
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