Le rapport de la firme singapourienne nTan Corporate Advisory Pte Ltd, commandité par la Banque centrale, portant sur l’affaire BAI avait été rendu public le 29 Janvier. Selon le gouverneur de la Banque centrale, Ramesh Basant Roi, nTan apporte des preuves irréfutables sur la culpabilité des dirigeants de la BAI dans un scandale qui, selon lui, est avéré. Or nTan s’est montré prudent.
Le rapport des singapouriens épaissit l’opacité existant dans toute cette affaire en émettant des clauses précautionnaires telles que : ‘Where conclusions or inferences have been drawn in this report against individuals and/or entities, such findings or inferences have not been made known to the individuals and/or entities who have therefore not been given the opportunity to comment on or correct the said findings or inferences. This report should be read subject to this limitation. This report is prepared solely for the use of the Bank of Mauritius. We make no representation to any other individual or entity as to the accuracy or completeness of the contents of this report and no such other individual or entity should place any reliance whatsoever on the said contents. This report has been prepared by us solely as agents of the Bank of Mauritius and we accept no liability to any other individual or entity whatsoever in relation to or arising out of the contents of the report.’
Media Reports
Plus loin dans le rapport, nTan affirme s’être basé sur des ‘medias reports’ pour en tirer des conclusions. Ce qui démontre sans aucun doute qu’il y a une incertitude dans le fond de ce rapport. Dans l’entretien qu’accorde Dawood Rawat à Capital, il affirme que la BAI n’a jamais été officiellement appelé à soumettre des documents et qu’à sa connaissance aucun document n’a été soumis. Ce qui prend à contre-pied nTan dans ses affirmations que la firme Singapourienne a reçu des documents de la BAI. Pour corser la situation, Basant Roi n’a cessé de multiplier les contradictions. Déjà on note une posture différente à celle prise dans l’affaire MCB/NPF. On se souvient que lors de sa conférence de presse en date du 29 janvier dernier pour rendre public le rapport nTan, Basant Roi en répondant à une question de la presse portant sur le coût de ce rapport, il affirme que le rapport ‘is priceless’. Mais sur l’insistance des journalistes, il finit par dire que ce sera moins cher que les honoraires réclamés par les ‘special administrators’.
nTan se dédouane
Le lendemain, soit le 30 janvier lors de son intervention sur Radio Plus, face à la même question sur le coût du rapport, Basant Roi dit ne pas être au courant car la firme n’avait pas encore émis sa facture. Une déclaration surprenante qui ne fait qu’accentuer les interrogations notamment : sur les motivations du gouverneur qui outrepasse les prérogatives de la Banque centrale en commanditant une enquête qui s’aventure sur des activités hors du secteur bancaire, l’absence d’un appel d’offres, le choix de nTan, et surtout comment le gouverneur a pu accorder un contrat sans en connaître les coûts. Selon les recoupements de Capital, la firme nTan, absente lors de la conférence de presse, avait émis des réserves sur le fait que le rapport soit rendu public. D’autre part, la firme Singapourienne s’est dédouanée de toute responsabilité et a conclu un accord qui prévoit la prise en charge par la BoM, en cas de poursuites judiciaires ou autre actions légales contre la firme ou ses directeurs. Une caution qui est estimée à MUR 100 000 000. La certitude reste que les avocats de la BAI s’appuieront sur ce rapport lors de leur contre-attaque, ce qui déclenchera son activation. A ce rythme le rapport nTan entrera dans les annales comme le plus coûteux de notre histoire.